Vers une levée du mystère des écritures en miroir (des chiffres) chez l’enfant

Par Jean-Paul Fischer
Français

Résumé

La revue de question de Hildreth (1950) montre que l’on a initialement tenté d’expliquer l’écriture en miroir par des caractéristiques individuelles, fixes (ex. main d’écriture, genre) ou variables (ex. ressources attentionnelles disponibles au moment de l’écriture). La présente recherche s’est focalisée sur l’étude de l’inversion gauche-droite des chiffres par les enfants tout-venant de cinq à sept ans. Pour cela, on leur a demandé d’écrire sous dictée les chiffres (de 1 à 9, mais pas dans leur ordre naturel). Les résultats de l’expérience 1 n’étayent nullement l’influence des caractéristiques précédentes. En revanche, ils montrent que l’écriture en miroir se réduit considérablement d’un niveau scolaire (Grande Section de maternelle) au suivant (première année d’école obligatoire) et affecte inégalement les différents chiffres (3 beaucoup plus que 4). Ils suggèrent aussi que l’écriture en miroir est extrêmement sensible à l’amorçage moteur. En fait, pour une proportion importante d’enfants de cinq ans, tout semble se passer comme si l’orientation qu’ils donnent aux chiffres était déterminée par le geste moteur juste précédent. Ainsi, et de manière spectaculaire, l’expérience 2 a établi que 3 est plus fréquemment écrit en miroir s’il suit une écriture correcte de 6 (63 % d’écritures en miroir de 3) que s’il suit une écriture en miroir de 6 (23 % d’écritures en miroir de 3). L’ensemble des résultats remet en question certaines hypothèses majeures découlant de la revue de question de Hildreth.

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